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Arts Plastiques Magazine.

Exposition à la société Européenne D’art

Stellest : Unidentified Cosmic Art.

« La matière dont nous sommes faits a été dispersée dans l’espace avant de nous constituer, en passant pas les grands nuages où naissent les étoiles… » Michel Cassé. Astrophysicien.

Il y a des mots qui font peur ou rêver… On dit « Cosmique », et aussitôt une foule bondissante de résonnances archivées surgit. « Signes, force, planètes, énergies agitent leurs lettres et apparaissent nimbés d’auras vibrantes et colorées et l’on mélange gaillardement folklore, magie, mystère et alchimie » en laissant nos mémoires puiser à tous les puits recréant d’étonnantes et fugitives mosaïques où l’univers se recompose en autant de reflets. Le merveilleux se redévoile et la poussière d ‘étoiles pensante que nous sommes retrouve sa brillance ou alors sa méfiance, parcimonie, prudence et ironie teintée de désinvolture piétinent sur une frontière pointilleuse et logistique. Patrice Stellest passe entre ces points d’arrêt, entre les questions, les contradictions : là n’est pas son propos.

Il déambule entre les signes selon son intuition, à la manière des Indiens : « ils posent un verre d’eau sur la terre devant leur tipi, attendent que la lumière du soleil levant entre dans le verre et utilisent cette eau magique pour soigner… Comment expliquez-vous cela ? Comment le mesurer ? L’art indien n’était pas fait pour l’argent. Il était fait pour la vie, pour planter des graines au printemps, pour les mariages ; il avait une fonction rituelle et c’est cela que j’essaye d’incorporer dans mes sculptures, avec surtout une fonction de guérison. Je travaille sur les vibrations positives… »

Stellest est né en 1953. Après avoir travaillé avec Jules Engels (directeur des animations pour les studios Walt Disney, notamment sur Fantasia), il s’intéresse à ce qu’il appelle le Surréalisme constructiviste. « J’ai réalisé, dit-il, qu’on pouvait soigner les gens grâce à la compréhension de leurs rêves, et j’ai décidé d’aller plus loin ; d’analyser cela. J’ai alors arrêté de faire des films d’art expérimental et utilisé le rêve pour dire quelque chose : j’ai commencé à m’exprimer par la peinture et le dessin, qui dans cette époque de bombardement d’images possède une qualité méditative, une force cosmique colossale. Dans ces temps de mouvement, j’ai opté pour une expression faite pour calmer… » Il se dégage peu à peu du surréalisme. « Je me suis rendu compte que Max Ernst était tout à fait cosmique à la fin de sa vie. On ne voit que des planètes et des étoiles. Ca n’a plus rien à voir avec le surréalisme. » Son premier concept du Cosmic Art apparaît en 1982 à Los Angeles, et s’étend plus tard en Touraine après une rencontre avec le peintre californien Cortland. D’autres artistes les suivent, parmi lesquels Marie Noëlle de Vibraye, une artiste féministe qui s’est inspirée de l’art mexicain. Patrice Stellest travaille actuellement à Eygalières, en Provence. Il est depuis trois ans l’assistant du sculpteur Grec Coulentianos qui le guide dans la technique du métal. « L’œuvre de Coulentianos, dit-il, est un jeu de plein et de vide pour que la lumière, entrant dans les sculptures géométriques de métal en modifie les aspects. Cet homme de 74 ans a une vitalité extraordinaire. Il ressent les choses dans une dimension cosmique formidable. »

Si on ne peut définir ce que Stellest appelle « art cosmique », c’est peut-être parce que ce mouvement se situe délibérément hors des concepts et catégorisations. « Ce qui compte le plus, c’est la générosité dans le travail, intérieurement ou extérieurement. » Ce n’est pas un courant esthétique, mais plutôt une attitude, un état d’esprit qui prend sa source et se déploie dans toutes les directions. « Tout est cosmique, dit-il, même mon jean ! ».

Intégration de l’art d ‘expression indienne (Hopi et Acoma) à l’art américain, harmonisation avec les lois de la nature, connaissance intuitive et visionnaire sont retransposés par Stellest dans des expressions très diverses : sculptures d’acier et de néon, peintures sur parchemins du XVIeme siècle (trouvés dans une malle !). « Mes petits parchemins du Moyen âge restent des expressions très primitives dans une culture cosmique moderne », ou au travers de la recherche d’un nouveau langage, comme dans Unidentified Object (C19) – acquis par la collection privée M. TATE- : « J’en suis arrivé au  ‘Drapeau Cosmique’ dit-il. C’est fait en poussière de marbre et en vinyle plastique, avec un peu d’or. .. C’est précieux, c’est une image facile à lire : A new set of stree signs. Comme l’ont fait les cultures anciennes, nous sommes en train de développer une langue cosmique moderne. On peut lire C19. C, pour Cosmos, 9 plus 1 font 10, ce qui en numérologie représente le 1. L’entité, le tout. Ensuite, il y a, en or blanc, la forme d’une volante. C’est une forme anonyme, non identifiée. Il y a quelque chose de fascinant dans une forme qui se déplace aussi facilement, verticalement, horizontalement à une vitesse extraordinaire. .. Quand Calder a créé le mobile, il a trouvé un moyen d’incorporer l’énergie du vent dans le métal. Moi j’essaye d’intégrer la volante comme forme d’art. C’est une lumière sur le chemin qui peut montrer un nouvel espoir de l’art, un espoir d ‘évolution.

La civilisation actuelle est selon Stellest,  dans un « Dead end street. La mer est polluée, l’Homme est malade. » En se plaçant à l‘extrême limite de nos connaissances objectives, de nos projections, en s’inspirant d’une forme (la volante). -« Tout mon sens de la création a été engagé quand j’ai découvert cette forme là »- Stellest souhaite participer à ‘émergence d’une logique nouvelle  restituant l’homme dans sa globalité : « « J’ai au fond de moi une ville idéale, Cosmica, où l’Homme vivrait en harmonie avec le cosmos à l’intérieur et à l’extérieur. L’énergie y serait créée à partir de l’eau d’un lac, ou d’hydrogène. » Une utopie à l’indienne qui réconcilie nature et technologie moderne dans une sorte de « science fractale ».

L’énergie créatrice de Patrice Stellest navigue librement et se perd parfois entre tous ces courants, mais il joue avec les images, il propose d’en créer de nouvelles, alors n’ayons pas peur des mots qui ont des formes étranges. « C’est un footstep positif dans la direction vers laquelle l’Homme peut s’engager… Il faut maintenir une joie de vivre, continuer à être branchés comme des enfants : C’est ça, l’art cosmique ! »

Carol Shapiro
Mai/Juin 1991.

Journal de Chinon. Mai 2002
Un feu d’artifice de créativité.

Deux cents enfants sur les traces de Stellest. Grâce à l’artiste, ils ont pu eux mêmes créer leurs œuvres à partir d’objets détournés.

L’Art est parfois éphémère. Hélas ! Car il est un véritable trésor de créativité, une caverne d’Ali Baba de l’imagination à visiter toutes affaires cessantes avant la fin du Week-end. Elle se trouve en la Galerie de l’hôtel de Ville où Stellest expose ses étonnantes créations de Trans Nature Art. Mais ses tableaux, assemblages et autres mécanismes confectionnés à partir d’objets de récupération, d’objets ayant une âme ne sont plus seuls. Ils ont été rejoint par les œuvres des écoliers chinonais.

Stellest a en effet accepté d’animer les ateliers pédagogiques mis en place par les services culturels. Neuf classes et un groupe de l’association CLAAC ont pu bénéficier de trois séances d’animation. L’une consistait en une visite guidée de l’exposition, les deux autres ont permis aux groupes d’élèves de travailler en présence de l’artiste, etun peu à sa manière. A travers des objets qu’ils devaient amener, les enfants ont inventé une histoire et confectionné des œuvres à message.

Le résultat est étonnant, décoiffant, irrésistible. Deux cents créations composées chacune d’un dessin, d’un texte explicatif et de la fameuse œuvre créée de toutes pièces avec des objets usuels emplissent les escaliers et la galerie municipale.

Il faut prendre le temps de lire les histoires et autres rêves éveillés sortis de l’imaginaire des écoliers. C’est drôle, touchant, inénarrable.

A découvrir sans faute ce week-end. D’autant que l’exposition de Stellest ferme aussi ses portes définitivement dimanche soir. Décidément, lundi va rimer avec gris.

La nouvelle république
5 Juin 2000
Des artistes en résidence.

Pour leur troisième année d’existence, les Années Joué confirment leur vocation de festival des arts dans les rues avec une large ouverture sur l’art contemporain. « L’atelier-fabrique de la ville sert à accueillir des artistes en résidence pour aider à la création le leurs œuvres dans la thématique des années 1980 à 2000 » Explique Jamal Lansari, chargé de l’événement.

Patrice Stellest, Tête d’affiche.

Parmi les plasticiens invités, le peintre et sculpteur Patrice Stellest fait figure de tête d’affiche. Cet artiste a travaillé avec des artistes de renommée internationale pour donner naissance au « Cosmic Art », avant de partager son temps entre New-York, Bâle, la Provence, et Candes St Martin, où il séjourne pour le compte d’une fondation Suisse.

Sa profession de foi ? « On vit dans un temps où les valeurs et l’art se redéfinissent constamment et il est difficile de créer un style particulier. L’art a perdu sa fonction en considérant que tout peut se vendre. Pour moi, le devoir de l’art est de rendre service à la société. »

De quelle façon ? « La technologie produit des choses en série. Moi, j’utilise la technologie pour traduire mes émotions personnelles et le sujet que je considère le plus important de tous : la défense de la nature. La commercialisation excessive abuse les ressources naturelles de la terre, et l’art peut servir d’acupuncture universelle en apportant des valeurs issues de toutes les cultures. Notre vrai capital, c’est la nature dont les systèmes vont plus loin que la Terre. » Assure Stellest.

C’est en ce sens qu’on parle de Cosmic Art » ou de « Trans Nature Art »  pour qualifier ses œuvres : des sculptures métaphoriques, empreintes d’humour et de poésie. Ces œuvres sont rassemblées dans une trentaine de vitrines qui racontent autant d’histoires sur l’évolution humaine et invitent à la réflexion, au seuil du XXIe siècle.

H.TOT

‘Par ses étranges créations, sculptures faites d’objets qui nous parlent, l’artiste se révèle citoyen du monde, défenseur d’une planète dont il faut sauvegarder la beauté.‘

TRANS NATURE ART.
Trois mots pour une invitation. Celle que donne Stellest au public Chinonais, convié à découvrir l’univers de ce peintre sculpteur et créateur dont les Œuvres sont exposés en la galerie de l’hôtel de ville jusqu’au 10 Mars Prochain.

Trois mots côte à côte, peut-être un rien obscurs pour qui ne fréquente guère les milieux artistiques. Et pourtant, s’il est bien une exposition à découvrir, sans à priori, quel que soit son âge, son milieu, sa culture, c’est bien celle-là. Celle qui vous entraine dans l’univers intérieur d’un artiste hors-norme, étonnant bonhomme de 48 printemps, dont la folie douce au sens le plus noble du terme, en fait un visionnaire créatif et créateur.

Patrice Stellest, élève de l’institut Walt Disney des arts appliqués, ce voyageur dans l’âme a pour maison la planète. Los Angeles, Paris, New York se disputent des œuvres qu’il façonne de ses mains entre l’Arizona, la Suisse et la Provence, autant de havres de paix et de beauté qui servent l’inspiration de cet ardent défenseur de la nature.

Depuis deux ans, Stellest a posé son regard bleuté et ses valises aussi, à Candes-Saint-Martin. « Artiste en résidence », heureux de vivre au cœur de ce Val de Loire consacré comme Patrimoine de l’humanité par l’UNESCO. Et c’est face à la confluence de la Vienne et du fleuve Royal qu’il a développé son concept « Trans Nature Art », créant ces tableaux-sculptures qu’il nous présente ici.

De Bric et de Broc, ces créations étranges de prime abord captent l’attention infailliblement. Stellest réunit, rapproche, amoncelle des objets qui ont chacun une âme, une histoire, des objets qu’il semble avoir chiné dans notre mémoire collective. Et, que le public reconnaît, s’approprie car il « communique avec ». Chaque création, derrière un hétéroclisme apparent et que l’on dépasse vite, raconte en fait une tranche de vie, défend surtout une cause. Avec comme dénominateur commun « la protection de l’environnement, de la nature et des mers, bref, de notre planète. » Quoi de plus normal d’ailleurs pour ce citoyen du monde.

Quadragénaire, pour ne pas dire « quadra génial », Stellest a conçu des œuvres que l’on peut à la fois regarder, mais aussi écouter ; toucher. Des objets d’art, interactifs comme des jouets, sans rien perdre de leur valeur symbolique. La lumière et l’électronique donnent même souvent un relief nouveau à ces créations qui séduiront autant les enfants que leurs grands aînés, nul ne pouvant rester indifférent. .. Surtout quand l’artiste s’en mêle et commente avec une pointe de son inimitable accent !
L’eau, source de vie, les baleines, les éléphants, toute cette nature en péril trouve en Stellest un avocat convaincant, touchant à coeur. Un homme vrai, généreux, sensible, un de ces êtres au doux délire dont on espère qu’il n’est pas, lui aussi, en voie de disparition.

Patrick Goupil

Le Courrier de l’Ouest. Jeudi 12 Novembre 1987.
Portrait.

L’art Cosmique : Un mode de vie.
Illustrateur de l’art cosmique, le sculpteur de St-Germain-sur-Vienne est-il un précurseur ?

Les sculptures de Patrice Stellest étonnent.

Son style mêle les matériaux, les plus anciens qui côtoient les plus modernes ; les plus nobles, le plastique. Les formes s’envolent dans l’espace. Il utilise des couleurs flash, parfois fluorescentes, où dominent le jaune, la turquoise et le violet.

Les métaux les plus vieux sont mis en valeur par une lumière néon. Contrastes. Ou plutôt, illustration de l’art cosmique, dont cet américain se présente comme un précurseur.

« A l’origine de ce mouvement artistique, explique-t-il, un comité fondé en 1982 à Los Angeles par quelques artistes et chercheurs de la NASA, et un projet de film d’art cosmique pour la NASA et les Jeux Olympiques. »

Un an après, attiré, entre autre, par la réputation légendaire d’une France artistique, et séduit par une vie plus tranquille, Patrice Stellest décide de venir en Europe.

Plus que dans les films qui « balancent des images au public qui les mange et n’a pas le temps de réfléchir », c’est dans la peinture et la sculpture qu’il s ‘exprime.

On retrouve toute la signification de l’art cosmique dans l‘une de ses sculptures «L’Homme de Cosmic Calexico ». Œuvre en forme de 8, symbole de l’infini, elle représente l’homme dans le désert, réduit à ce qu’il est : « Un grain dans l’univers ».

Pour Patrice Stellest, « l’art cosmique s’inscrit dans le libre-espace, n’est pas classé, ne doit pas être étiqueté mais intégré dans la vie, le cosmos. » Un art de vivre en quelque sorte, un mode de vie « un peu comme les indiens qui ont ressenti la vie et n’ont jamais essayé de dominer la nature ou d’en changer les formes, au contraire de l’Homme Blanc qui veut toujours augmenter son pouvoir. Les indiens vivaient dans l’harmonie cosmique, c’est dans cet esprit que s’inscrit cet art » dit-il.

Même si Patrice Stellest se refuse d’en être pris au piège, ses racines ancestrales des indiens d’Amérique du Nord restent force vive au plus profond de lui-même. « Ne dis pas non plus que je suis contre la technique, c’est faux. » D’ailleurs il utilise des lumières néon dans ses sculptures.

En fait, Patrice Stellest aspire à un monde harmonieux; aspiration peut-être issue de la neutralité de son pays d’origine : La Suisse.  Mais ne dites pas pour autant que c’est un rêveur ou un fantaisiste, en un mot : un artiste. Il le ressentirai comme une injure.

« La réaction à un travail nouveau n’est pas seulement de rire, mais aussi de le qualifier de fou » disait récemment IIend Sonnabend, propriétaire d’une galerie New-Yorkaise. Celui de Patrice Stellest peut en faire rire quelques-uns, mais en séduit beaucoup d’autres.

L’Homme de Cosmic Calexico, L’Homme Oiseau, La Comtesse de la ville perdue, ces sculptures quitteront d’ailleurs bientôt St-Germain-Sur-Vienne pour Manhattan. « De la chance, j’en ai eu beaucoup », avoue-t-il en citant la liste des personnages, souvent célèbres, qui se sont intéressés à son art et l’ont aidé.

Chantal Petillat